Qu’est-ce qu’une monnaie locale ?
Une monnaie locale complémentaire est une monnaie parallèle mise en place par et pour une communauté de citoyens et destinée à être échangée exclusivement dans une zone géographique limitée (quartier, ville, communauté de communes, région…) et auprès d’un réseau de prestataires choisis.
Elle n’a donc pas vocation à se substituer à la monnaie officielle en vigueur mais vient en complément.
Il s’agit avant tout d’une action citoyenne et démocratique.
Quels sont ses principaux objectifs ?
- Redynamiser l’économie locale en relocalisant les échanges et stimuler l’emploi local.
- Favoriser une consommation plus responsable, éthique et écologique : en effet, créer une monnaie locale permet de garder le contrôle de son usage, de veiller à son utilité sociale et à son impact environnemental (par exemple, consommer local permet déjà de réduire l’empreinte énergétique).
- Recréer du lien social et de la solidarité.
- Contribuer à une économie non spéculative (juste un chiffre, moins de 5% de notre monnaie officielle, l’euro, servent effectivement aux échanges de biens et services). Certaines monnaies peuvent même être fondantes, c’est-à-dire perdre une partie de leur valeur au fil du temps, de manière à en encourager la circulation et accélérer les échanges.
- D’une manière générale, aller vers un nouveau modèle de société basé sur une véritable conscience de consommateurs et/ou de producteurs : quels sont nos besoins réels, notre engagement, notre responsabilité ?
Quel bilan pour les initiatives en Belgique ?
Des initiatives en nette progression
On dénombre au moins 13 projets de monnaies locales en Belgique dont 8 en circulation (6 en Wallonie et à Bruxelles ; 2 en Flandre, le Res à Louvain et le Toreke à Gand) et 5 en construction. Et nombreuses sont les communes qui observent ces systèmes d’échange alternatifs et envisagent d’engager une phase de réflexion.
Pourquoi un tel engouement ?
Les crises financières et économiques subies ces dernières années conduisent à rechercher des modèles alternatifs qui apparaissent plus sains car basés sur une économie réelle et moins spéculatifs.
En outre, les monnaies locales constituent :
- Des leviers pour orienter les comportements vers une consommation durable ;
- Un outil social avec une dimension locale qui permet une meilleure cohésion au sein des communautés ;
- Un outil de réappropriation de l’économie locale par les habitants ;
- D’une manière générale, des leviers très intéressants pour faire évoluer les comportements.
Où en est-on aujourd’hui ?
Le phénomène prend de l’ampleur mais reste globalement assez récent, ce qui explique qu’il n’existe pas, à ce jour, d’étude d’impact permettant d’évaluer la réelle influence des monnaies locales sur l’économie locale et le tissu social.
Pour autant, les retours d’expérience mettent en exergue certains points de vigilance à prendre en compte :
- Le système repose sur l’implication de personnes bénévoles : il est souvent difficile de trouver suffisamment de volontaires pour porter, développer et faire vivre le projet dans le temps.
- La phase d’élaboration et de lancement du projet est souvent longue et fastidieuse (démarches administratives, recherches d’aides financières et de subsides, démarchage et recrutement des participants…).
- Pour que le système fonctionne et soit soutenu dans le temps, il faut atteindre une masse critique pour éviter un risque d’essoufflement du système, par manque de participants.
- Le choix du territoire d’implantation de la monnaie est décisif : une zone dense mais pas trop large, un tissu associatif déjà bien présent et un soutien des autorités locales constituent un terrain favorable.
- Un manque de clarté des objectifs poursuivis et des priorités peut nuire à l’image extérieure du projet en générant des difficultés dans la construction d’une stratégie claire et, partant, dans la communication mise en œuvre.
Et en France ?
En 2016, plus de trente monnaies locales circulent en France, la plupart créées depuis 2011 et pilotées par des groupes de citoyens, comme « la gonette » à Lyon ou « la pêche » de Montreuil. D’autres ont vu le jour à l’initiative de collectivités, comme « la bou’sol » de Boulogne-sur-Mer.