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Christian Boltansky 'la salle des pendus'

Christian Boltansky 'la salle des pendus'
Infos pratiques
du 15-03-2015 au 16-08-2015
10:00 - 18:00
MAC's Site du Grand-Hornu
82, Rue Sainte-Louise
7301 Hornu
Fermé le lundi. Visites guidées sur réservation.
8 EUR (billet combiné). Gratuit le 1er dimanche du mois.
  Site internet
  Téléphone : +32 65 65 61 38

Première rétrospective belge de l’artiste autodidacte (Paris,1944), Christian Boltansky au MAC’s, un lieu qu’il connaît depuis près de 20 ans. 

Je ne vais pas vous décrire toutes les impressions et sensations inhérentes à la découverte d’une telle exposition, intimement liées à ses thèmes de prédilection tels que le souvenir, la mémoire, la mort, l’oubli….

Je ne vais pas vous parler de la dimension théâtrale de la démarche d’un artiste que je vois plus comme un metteur en scène ‘affectif ‘,  dramatique, mortuaire (habité aussi depuis les dernières années par la perspective de sa propre mort)…

Je ne vais pas vous expliquer les battements de cœur qui rythment assez régulièrement ses expositions, des mouvements, des lumières, des regards, des boîtes rouillées en fer-blanc, des lieux insolites où elles ont lieu, des archives, des photos, des manteaux à travers lesquels le visiteur doit se frayer un passage, des compteurs qui calculent la somme des secondes déjà vécue par tel ou tel quidam…

Je vais plutôt vous éclairer avec ses propres mots  sur la connexion indispensable dans son chef entre l’œuvre et le lieu d’exposition, qui vont certainement vous suprendre comme ils m'ont surprise :

« Lors de ma première collaboration avec le MAC’s, j’ai téléphoné à Laurent Busine en expliquant que j’avais besoin de boites de telles tailles, d’archives et de photographies. Ensuite, je suis venu au Grand-Hornu pour installer ces éléments. Je n’ai quasiment rien fait moi-même. C’est en général, comme cela que je travaille. J’ai simplement reçu les photographies, sans véritablement m’y intéresser… Je reste toujours très peu de temps dans les lieux que j’investis… Mon travail n’est pas du tout « social » ou « sociologique »… Ce qui m’intéresse, c’est l’archivage, l’idée de dire les noms… Il m’importe de répertorier chaque individu par son nom car nommer quelqu’un, c’est lui donner la dignité d’être humain… Le nom, c’est la dernière chose qui subsiste de quelqu’un après sa mort... La mémoire de chacun disparaît très vite... Mes œuvres reprennent des gens pour qui, normalement, on ne réalise pas de monuments… Pour aller plus loin, je dirais que les gens du Grand-Hornu me sont totalement indifférents. Cela pourrait être ceux du village d’à côté... Je ne veux manifester aucun attendrissement particulier pour les mineurs, même si ceux-ci ont eu des vies très dures... »

Si Christian Boltansky a toujours dit que ce qui l’intéressait était la petite histoire et non la grande,
si son but est de mettre en scène celles qui nous constituent et ont fait notre individualité,
si ce petit savoir qui n'est pas inscrit dans les manuels d'histoire est à ses yeux aussi important que le grand,
si le rôle de l’artiste est de s’intéresser à cette fragilité, et de chercher à nous émouvoir à travers elle,
le pari est réussi !

On ne ressort pas indemne des expositions de cet artiste autodidacte. 

Son œuvre empreinte de spiritualité est totale que ce soit ici aujourd’hui au Grand-Hornu, à la Monumenta au Grand Palais en 2010, déjà dans l’ancienne prison Ste-Anne à Avignon en 1985 ou ailleurs : « Je pense que mon travail artistique est très proche de la démarche spirituelle, chrétienne même si je ne suis malheureusement pas du tout croyant… Ce qui est beau pour moi dans une lampe ou une bougie, c’est qu’elle évoque la vie, la force, le feu, etc. mais qu’en même temps, il suffit de souffler ou toucher l’interrupteur pour éteindre. Cet alliage de force et de fragilité commun à toutes les religions. »

Et enfin, si le titre de l’exposition, « La Salle des pendus » vous effraie, sachez qu’il s’agit seulement du terme par lequel on désignait le vestiaire où se changeaient les mineurs. Avant de descendre dans la mine, ils accrochaient leurs vêtements au plafond au moyen d’un crochet ce qui donnait à la pièce une allure un peu effrayante que Christian Boltansky a interprété à sa manière. Avec génie et respect à la fois.
 

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