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le 07-01-2016

Notre rapport au temps

Notre rapport au temps

Nous avons tous en tête une image emblématique de notre époque : celle d’un homme ou d’une femme gérant mille contingences et projets dans un enchevêtrement pro-perso tout en gardant un lien permanent avec l’information mais aussi avec tous ses amis des réseaux sociaux.

Un être social qui ne laisse jamais s’écouler plus que quelques secondes après la réception d’un appel ou d’un SMS. Cette figure caricaturale incarne si bien l’évolution de nos rapports au monde et aux autres qu’au-delà de sa réalité elle occupe tous nos esprits et nourrit nos représentations à la manière d’un persona.


Alors qu’en est-il réellement de notre rapport temps ? Sommes-nous sur le point de devenir une génération fast & furious, ou à l’inverse, par réaction dans une forme de sursaut salvateur, une dynastie militant pour le slow is social ?
 

C’est ce que cette étude OpinionWay a cherché à analyser, conduite sur un échantillon de 1011 individus, représentatif de la population française.

 

  • Un premier constat met en évidence que plus de la moitié des Français (54%) éprouve souvent le sentiment de manquer de temps, avec un clivage naturel et net entre les actifs (62%) et les inactifs (43%). Toutefois, au-delà de cet écart il n’en reste pas moins qu’il s’agit de niveaux élevés de ressenti alors même que la part de temps libre pour soi n’a jamais été aussi importante en France.

 

Suite de l'étude - Opinionway décembre 2015. 

 

 

Comment les entrepreneurs gèrent leur temps

La très grande majorité des dirigeants d’entreprises travaillent au-delà du niveau d’heures légales en vigueur dans leur pays.

En France, c’est le cas de 77% des dirigeants d’entreprises de moins de cent salariés, un investissement personnel supérieur à celui de leurs homologues américains (69%) ou britanniques (69%) mais moindre qu’en Allemagne (84%), en Espagne (88%) ou au Portugal (89%).

Ces chiffres sont révélés par la première édition de l’étude « After hours economy »* de Sage, éditeur européen de logiciels de gestion, menée simultanément dans onze pays auprès de dirigeants de 2621 PME.


Les relations avec l’entourage s’en trouvent affectées


Les entrepreneurs français, pour 20% d’entre eux, déclarent travailler plus de neuf heures deux jours par semaine. Lorsqu’ils sont en vacances, ils « décrochent » rarement de leur travail : 12% d’entre eux lui consacrent 20 heures ou plus sur une semaine de congés – contre 8% des entrepreneurs à l’échelle mondiale. Ils sont même 16% en France à n’avoir pris aucun jour de vacances l’an passé …

Néanmoins, les entrepreneurs français tiennent en général à prendre quelques jours de congés par an : « seuls » 40% d’entre eux en ont pris moins de dix l’an passé – c’est une pratique habituelle pour 48% de leurs pairs dans le monde. « Plus l’entreprise est petite, plus l’investissement en temps est important », note Serge Masliah, directeur général de Sage France.

Résultat de cet investissement en temps exceptionnel : les entrepreneurs français sacrifient leur vie familiale et leurs loisirs, mais beaucoup moins fréquemment leur vie sentimentale !

Ainsi, 38% d’entre eux avouent négliger le temps passé avec leur famille, pour pouvoir mener leurs affaires à la réussite. Pour cette même raison, ils n’hésitent pas à rater un événement sportif (26%), un anniversaire en famille (25%) ou un concert (19%).

 

Ne pas compter ses heures : un gage de réussite


En revanche, seuls 18% des chefs d’entreprise  français disent avoir déjà raté un rendez-vous amoureux au profit de leur entreprise – bien loin de l’abnégation des Allemands, qui sont 52% à l’avoir déjà fait ! « Il y a toujours un effort consenti par ces dirigeants pour leur entreprise, résume Serge Masliah, même si ce n’est pas toujours au même endroit ou au même moment. Il y a bien sûr une dimension culturelle forte dans la gestion des priorités. »

Dans l’ensemble, 44% des entrepreneurs estiment que leur engagement professionnel affecte leurs relations avec leur entourage. Toutefois, les Français trouvent aussi dans cet investissement personnel une vraie satisfaction : 72% d’entre eux – c’est le taux le plus élevé au monde – estiment que cet engagement en vaut la peine et fait réussir leur entreprise.

Ce qui motive leur choix de travailler autant ?

- La volonté de gagner de l’argent en premier lieu (49%),

- la passion pour le métier (44%),

- la volonté de faire grandir et réussir l’entreprise (42%),

- la réalisation de leurs ambitions (35%),

- le sentiment d’accomplissement (32%).

 

Au-delà des motivations personnelles, cet investissement exceptionnel de la part des entrepreneurs a aussi des retombées économiques. « C’est là le premier enseignement de l’étude, insiste Serge Masliah : leur engagement en-dehors des heures légales contribue à hauteur de 11% au PIB mondial ! »

 

Du temps consacré d’abord au client


Un autre volet de l’étude montre comment les chefs d’entreprise organisent leurs activités et leur journée de travail. « Les Français sont très proches de leurs clients, précise Serge Masliah. 

Ils sont 56% à organiser leur journée en fonction de leur clientèle, bien plus fréquemment que leurs homologues européens et américains. »

En revanche, les Français disent manquer de temps pour développer de nouvelles idées ou de nouveaux produits (30%) – contrairement à leurs pairs Outre-Rhin et Outre-Manche -, pour se consacrer à l’administration générale de leur entreprise (27%), pour développer leur réseau (25%), et même pour gagner de nouveaux clients (22%).

A cela s’ajoute une grande défiance des entrepreneurs français pour les outils numériques, soupçonnés de ne pas leur faire gagner du temps, bien au contraire : seule une minorité d’entre eux considèrent que l’échange de mails via les smartphones (37%) ou que  le partage de fichiers via des logiciels collaboratifs (26%) leur permet de gagner du temps. « L’intérêt des solutions numériques n’est pas encore bien perçu, analyse Serge Masliah. Bien utilisées, celles-ci pourraient pourtant faire gagner un temps précieux aux entrepreneurs. »

 

LES ECHOS du 5/01 

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