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Exposition : Antony Gormley

Exposition : Antony Gormley
Infos pratiques
du 09-06-2020 au 20-06-2020
10:00 - 19:00
Galerie Thaddeus Ropac
7, rue Debelleyme
75003 Paris
fermé dimanche et lundi
entrée libre
  Site internet

« Nous vivons simultanément dans trois endroits : le corps, le monde construit et notre planète. Le deuxième corps —le monde construit— est celui qui prend de plus en plus de contrôle sur nous. En concevant un habitus en rapport à un habitat, nous renforçons, à travers l'habitude, des modes de comportement qui à la fois nous protègent et nous séparent de la vie immédiate du corps, ainsi que de la vie cosmique de notre planète. » Antony Gormley (2020)

La Galerie Thaddaeus Ropac présente In Habit, une nouvelle exposition de sculptures et d’oeuvres sur papier d’Antony Gormley articulée autour d’une installation dynamisant l'espace. Constituée d’un simple tube d’aluminium carré déployé en continu, Run II cherche à éveiller notre conscience sur la manière dont nous nous déplaçons dans notre habitat construit. Les sections qui serpentent à 90 degrés activent et dynamisent l'espace principal de la galerie. Les sections horizontales nous rappellent la hauteur d’objets qui nous sont familiers dans notre environnement construit, celle d’une chaise ou d’une table, d’un plan de travail, d’une étagère, d’une porte ou d’un plafond.

Run II se déploie librement à travers la galerie, et interagissant avec  l'œuvre, notre corps peut reconnaître ces formes et s’affranchir de ce que les Japonais appellent ‘la culture de la chaise’, en opposition à la ‘culture du sol’. Run II est donc, selon Antony Gormley « une zone de réflexivité dans laquelle la lumière, l'air, le volume et notre biomasse s’accordent dans un jeu de géométrie orthogonale qui reste libre. » En nous invitant à devenir nous-mêmes, c’est-à-dire des figures ancrées dans le sol, nous devenons nous-mêmes la personne qui est vue par les autres spectateurs et, ce faisant, nous pouvons utiliser l'espace de l'art comme un champ d’émergence. Gormley nous invite à nous arrêter et à repenser notre dépendance vis-à-vis de ce second habitat, celui « du corps de l'architecture », et à créer une conscience du sol lui-même, afin de nous y ancrer.

Dans son essai pour le catalogue de l’exposition, l’historien de l’art, Jonathan Wood revient sur cette nouvelle oeuvre : « Il n'est pas difficile de considérer Run II comme un tournant important dans la sculpture de Gormley... Un détachement du corps de l'artiste pour se tourner vers celui du spectateur. Run II s’inscrit aussi, il faut le dire, dans une continuité : l’oeuvre étend la portée d'un projet sculptural plus global qui s'est progressivement développé au cours des quarante dernières années,  avec pour élément central le corps humain —tant celui de l'artiste que celui du spectateur. C'est cette quête constante et inachevée qui donne à l'œuvre de Gormley sa place unique dans l'histoire de la sculpture. »

Pour accompagner cette oeuvre de grande envergure conçue spécifiquement pour cet espace, Gormley présente une série d'oeuvres en fonte à échelle humaine intitulée Liners. Celles-ci sont constituées de simples lignes droites ouvertes, de lignes multiples et de lignes qui n’ont ni début ni fin. Elles explorent le volume intérieur du corps humain et rappellent le plan de métro londonien. Comme Run II, ces œuvres sont également considérées par Gormley comme des « instruments de diagnostic » qui s’évertuent à nous repositionner dans notre habitat naturel, c’est-à-dire notre corps : « Je ne veux pas illustrer une émotion ou une sensation, mais ces cartes rouillées pourraient être activées par la projection de ce que l'on ressent dans certaines positions; en se tenant debout sur les épaules de quelqu’un dans le cas de Fill ; en se tenant allongé sur le côté pour Level ; ou en équilibre sur les fesses tout en soulevant la tête et les pieds pour Float. Dans le cas de Nest, la sensation de notre relation avec la terre lorsque l’on se tient en équilibre sur nos pieds en serrant nos jambes aussi fort que possible contre notre corps. » A l'étage inférieur, deux Framers délicats font allusion à l'espace corporel en tant qu’espace architectural, et sont accompagnés d'une sélection de dessins spatiaux.

Pour Gormley, la sculpture à l’ère numérique possède la capacité unique de nous renvoyer à une expérience primordiale et peut devenir le terrain sur lequel nos perceptions internes oubliées de notre être-au-monde pourrait nous amener à reconnecter avec nous-mêmes et avec notre planète.

Un catalogue avec des textes du géographe Michel Lussault et de l’historien d’art Jonathan Wood sera publié à l’occasion de l’exposition. 

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